Article original: L’Afrique du Nord connaît des températures record, et pourtant, malgré le climat accablant, les projets d’infrastructure continuent. Peut-être le plus audacieux est la construction en cours de la ligne ferroviaire Tindouf-Bechar, longeant la frontière Algérie-Maroc, s’étendant sur près de 1 000 kilomètres. L’une des expertes en charge de ce projet est une ingénieure, Safia Djaoui, qui s’est attelée à la tâche de construire la ligne ferroviaire la plus ambitieuse de l’Algérie, dans l’un des environnements les plus rudes. Compte tenu de l’ampleur du projet, les Algériens ont fait appel à l’expertise chinoise avec la participation de la CSCEC (China State Construction Engineering Corporation) travaillant aux côtés de l’algérienne Cosider. Malgré les conditions climatiques extrêmes, les travaux progressent.
Le but final du projet n’est pas de transformer ce tronçon désertique en ligne de transport de voyageurs, mais de faciliter et d’accélérer le transport de matières premières, notamment sur les 200 km entre Tindouf et Ghar Djebilet, une région productrice de minerai de fer, l’un des plus grands gisements au monde avec des réserves estimées à 3,5 milliards de tonnes. Les usines de traitement du minerai de fer sont situées à Bechar, d’où le produit traité est expédié vers les ports maritimes du nord de l’Algérie, y compris Oran. C’est l’un des projets d’infrastructure entrepris par l’Algérie pour déplacer les ressources naturelles des régions de production vers les installations de traitement et les marchés internationaux. C’est le cas de la ligne ferroviaire transportant les phosphates du gisement de Tébessa au port d’Annaba. Ces initiatives font partie d’un plan plus large visant à étendre le réseau ferroviaire algérien jusqu’à Tamanrasset et aux frontières maliennes, sur une distance de 2 500 kilomètres au sud.
Évidemment, construire une telle infrastructure n’est pas facile dans le terrain et l’environnement algérien, en commençant par la chaleur intense qui pose des défis aux équipes et à l’équipement. Il y a aussi des zones rocheuses et des sables mouvants qui obligent les ingénieurs à planifier à l’avance comment surmonter ces problèmes et respecter les délais et le budget.
Au Maroc voisin, la compagnie ferroviaire ONCF ambitionne d’étendre le réseau de trains à grande vitesse Al Boraq pour relier davantage de villes. Le réseau s’étend déjà sur plus de 300 km, reliant la ville de Tanger au hub économique du pays, Casablanca. Mais l’ONCF travaille à étendre le réseau à d’autres régions. En matière d’infrastructures routières, les régions du sud bénéficient également d’investissements importants. Le pays dépense près de 1 milliard de dollars pour construire une autoroute de 1 000 kilomètres reliant Guelmin à Dakhla au Sahara occidental, dont l’achèvement est prévu d’ici la fin de l’année. Le tronçon Dakhla-Guelmin est déjà terminé. Mais les investissements ne se limitent pas au sud. Dans le nord du Maroc, le magazine World Highways rapporte des projets autoroutiers tels que l’autoroute de 104 kilomètres reliant Guercif à Nador, qui bénéficiera d’un financement de la BAD.
Grands Investissements dans l’Énergie :
Le secteur de l’énergie attire également beaucoup d’attention, les Nord-Africains cherchant à intégrer leurs infrastructures à celles de l’Europe, en plus de répondre à la demande intérieure. La dernière initiative en date vient de l’Algérie, qui a annoncé des plans pour construire un câble électrique sous-marin pour exporter de l’électricité vers l’Europe. Cette initiative est un effort conjoint entre les deux plus grandes entreprises énergétiques du pays, la société pétrolière et gazière d’État Sonatrach et l’entreprise de services publics Sonelgaz, qui ont annoncé leur intention d’exporter à la fois de l’électricité traditionnelle générée à partir de gaz naturel et de l’électricité provenant de sources alternatives et renouvelables. Les détails du projet ne sont pas encore publics, mais il commencera probablement par une connexion à l’Italie, puisqu’il a été annoncé par le président algérien lors de sa visite à Rome il y a deux ans. Le Maroc investit également dans l’expansion de son complexe solaire Noor pour augmenter la production destinée à la consommation intérieure et à une éventuelle exportation. Le projet est un exploit d’ingénierie, étant l’une des plus grandes installations solaires au monde, le Maroc souhaitant que la moitié de sa consommation d’électricité provienne de sources renouvelables d’ici six ans.
Dans l’industrie des combustibles fossiles, nous notons trois grands projets en cours en Algérie. Le projet gazier Hassi R’Mel est caractérisé par Baker Hughes comme un projet visant à “renforcer la stratégie énergétique de l’Italie et de l’Europe” pour l’Algérie. L’entreprise américaine a formé un consortium avec Tecnimont, basé à Milan, pour installer 20 trains de compression. À Tinrhert, il y a également un important projet de développement du champ gazier, d’une valeur de 1,5 milliard de dollars dirigé par Petrofac, dans le but d’augmenter la production de gaz. Enfin, l’Algérie se prépare à lancer quatre projets de production d’hydrogène, dirigés par Sonatrach. L’un des projets verra l’implication d’entreprises allemandes.