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Washington lance un examen sur une possible désignation terroriste de certaines branches des Frères musulmans

Posted On 25 November 2025

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Le président américain Donald Trump a annoncé le 23 novembre 2025 que son administration avait engagé un examen formel visant à déterminer si certaines branches des Frères musulmans répondent aux critères juridiques nécessaires pour une désignation en vertu des lois antiterroristes américaines. Trump a décrit la démarche comme avancée « avec la plus grande force » et a indiqué que la documentation requise était en cours de finalisation au sein de l’exécutif. Au 24 novembre 2025, les Frères musulmans ne figurent pas sur la liste officielle des organisations terroristes étrangères du Département d’État, et aucun avis n’a été publié au Federal Register. La position américaine actuelle correspond donc à une phase d’évaluation et non à une désignation définitive.

Selon les déclarations publiques et les informations de presse, la directive de la Maison-Blanche demande au secrétaire d’État et au secrétaire au Trésor d’examiner des chapitres spécifiques des Frères musulmans, notamment en Égypte, en Jordanie et au Liban, afin d’évaluer s’ils doivent être inscrits comme organisations terroristes étrangères ou comme entités désignées globalement pour terrorisme. L’accent mis sur les branches nationales reflète la structure décentralisée du mouvement et les débats de longue date au sein des agences américaines sur la possibilité de traiter les Frères musulmans comme une organisation unifiée dans le cadre juridique américain. L’action exécutive ne garantit pas une désignation globale du mouvement ; elle ouvre une procédure d’examen des branches distinctes selon les critères prévus par la loi.

L’annonce intervient alors qu’au Texas, le gouverneur Greg Abbott a publié une proclamation classant les Frères musulmans et le Council on American-Islamic Relations (CAIR) comme organisations terroristes et criminelles transnationales au niveau de l’État. Cette proclamation a des implications sur le plan foncier et administratif au Texas, mais n’a aucun effet juridique fédéral, les désignations terroristes relevant exclusivement de l’autorité fédérale. Le CAIR a rejeté ces accusations et prépare des recours juridiques selon la presse locale.

Fondé en Égypte en 1928 par Hassan al-Banna, le mouvement des Frères musulmans s’est développé au cours du siècle en un réseau transnational comprenant des branches, des partis politiques, des associations caritatives et des organisations sociales au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Europe et dans certains pays d’Afrique subsaharienne. Cette histoire a produit une grande diversité d’expressions nationales. L’Égypte a désigné les Frères musulmans comme organisation terroriste en 2013 après la destitution du président Mohamed Morsi, une classification qui reste au cœur de la scène politique nationale. En Tunisie, Ennahda, bien qu’influencé historiquement par la pensée frériste, s’est redéfini en 2016 comme parti civil, rompant avec l’étiquette de « parti islamiste ». En Libye, le Parti de la justice et de la construction est souvent décrit par les chercheurs comme proche des traditions fréristes, même si le contexte fragmenté du pays rend les classifications organisationnelles difficiles. Au Maroc, le Parti de la justice et du développement (PJD) est un parti islamiste sans affiliation structurelle aux Frères musulmans, malgré des assimilations fréquentes dans le débat public.

Les précédents internationaux éclairent la complexité de ce dossier. Le rapport Jenkins publié au Royaume-Uni en 2015 a critiqué certains aspects du mouvement mais n’a pas recommandé son interdiction. L’Union européenne, de son côté, ne dispose pas d’une désignation collective des Frères musulmans, laissant aux États membres la responsabilité d’évaluer les groupes présents sur leur territoire. Ces exemples montrent les difficultés que pose l’application de critères antiterroristes à un mouvement dont les branches diffèrent nettement par leur structure, leur idéologie et leur engagement politique.

En droit américain, une désignation comme organisation terroriste étrangère nécessite la démonstration du caractère étranger de l’entité, de son implication dans des activités terroristes ou de sa capacité et intention à s’y livrer, ainsi que de l’intérêt de la désignation pour la sécurité nationale des États-Unis. Les débats précédents au sein du gouvernement, documentés dans des discussions parlementaires et des analyses indépendantes, soulignent la difficulté d’appliquer ces critères à un réseau décentralisé. Le processus actuel impose au Département d’État et au Département du Trésor de distinguer les branches qui pourraient répondre aux critères et celles qui fonctionnent principalement comme partis politiques ou organisations sociales.

Toute désignation future suivrait un processus précis. Une inscription comme organisation terroriste étrangère doit être publiée au Federal Register et ajoutée à la liste officielle du Département d’État. Une désignation comme entité terroriste globale relève d’une autorité distincte du Département du Trésor. Les groupes ayant des ailes politiques siégeant dans des parlements nationaux obligeraient probablement Washington à consulter les gouvernements concernés. Des recours juridiques aux États-Unis restent possibles, notamment de la part d’organisations contestant une association indirecte, mais leur portée dépendra du texte final de la désignation.

Les États d’Afrique du Nord suivent de près l’évolution du dossier. L’Égypte verrait d’un bon œil une politique américaine plus stricte, conforme à sa propre classification. La Tunisie pourrait être sensible aux répercussions symboliques si le processus était perçu comme visant des mouvements associés historiquement à l’islam politique, malgré la redéfinition d’Ennahda. En Libye, où plusieurs acteurs entretiennent des liens historiques ou idéologiques avec le mouvement frériste, une désignation ciblant certaines branches pourrait influencer les dynamiques politiques et les relations extérieures. Le Maroc ne devrait être directement concerné que si Washington adopte une interprétation très large associant affinités idéologiques et structure organisationnelle.

À la fin novembre 2025, les États-Unis se trouvent encore en phase d’évaluation. Cette procédure marque une volonté de réexaminer la position fédérale vis-à-vis de certaines branches des Frères musulmans, mais toute décision dépendra des conclusions que présenteront les Départements d’État et du Trésor dans les semaines à venir. Si Washington poursuit vers une désignation, l’impact se fera sentir dans les relations diplomatiques avec les gouvernements d’Afrique du Nord, dans les débats politiques internes de pays où opèrent des acteurs influencés par le mouvement, et dans la définition des priorités américaines en matière de lutte contre le terrorisme dans la région.

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